Bonheur 101
Par Camille Beaulieu
Peu importe ce qui vous arrive, vous ne serez pas plus heureux qu’en ce moment (oui, même si vous gagnez à la loterie). N’est-ce pas une des choses les plus déprimantes que l’on peut lire sur le bonheur?
En revanche, même si un accident vous paralyse, vous ne serez pas non plus plus malheureux, à long terme. Voyons voir...
L’autre jour, en conduisant à travers la campagne des Cantons-de-l’Est, j’ai mentionné, en pointant vers les beaux domaines, que j’aimerais tellement avoir une belle, grande maison, comme celles-ci! “Tu ne serais pas plus heureuse”, dixit mon frère, le scientifique. Il continue en disant que toutes les études sur le bonheur le prouvent: nous sommes tous nés avec un capital de bonheur qui varie très peu au courant de notre vie. Peu importe ce qui se passe dans nos vies, les éléments positifs et négatifs, cela n’influence pas grandement notre bonheur à long terme.
Il est vrai que nous avons tous des exemples de gens très pauvres qui ont l’air très heureux (tout le monde connaît quelqu’un qui a une histoire de voyage exotique à raconter sur ce sujet), et à l’inverse des gens qui ont tout pour être heureux, mais qui sont pas continuellement malheureux. Bref, nous serions “génétiquement programmés” avec un certain niveau de bonheur, et nous revenons à ce niveau, plus ou moins élevé, même après des événements qui bouleversent complètement notre vie.
Comme je suis conditionnée depuis ma tendre enfance à m’obstiner avec mon frangin, j’ai fait une rapide recherche pour le contredire un brin sur ce sujet. Il est vrai que des études sur le bonheur montrent que nous avons tous un capital de bonheur de base et que même des événements qui marquent la vie de façon permanente altèrent notre bonheur de façon positive ou négative, mais qu’après un certain laps de temps, notre niveau de bonheur revient à sa base.
Le psychologue américain Ed Diener est l’un des premiers à avoir étudié le bonheur de manière scientifique et il est arrivé à cette conclusion. Toutefois, la majorité des recherches indiquent aussi que notre capacité de bonheur est acquise de façon génétique à environ 50%. Pour le reste, les résultats sont partagés entre ce qui nous rendrait plus ou moins heureux: soit 10% notre apparence physique (Imaginez le jackpot génétiques de ceux qui naissent beaux ET heureux. Eh oui, la vie est belle, mais elle est injuste. Certains sont avantagés dès le départ, d’autres non. ). Finalement, il reste 40% qui appartient directement à nos choix. Fiou! Nous avons tous une chance d'augmenter notre bonheur, après tout. Une grande étude de l’université Harvard, qui a suivi des participants pendant 75 ans, nous apprend que la clé du bonheur est de cultiver nos relations.
Ça a l’air simple.
Le bonheur me fait toujours penser à mon père. Il a fait sa carrière en tant que professeur de philosophie au CÉGEP. Il nous laissait ses vieilles feuilles de brouillon pour faire nos dessins à l’endo. Papa enseignait la philo 101 et il faisait toujours des petits bonhommes sourire avec les chiffres. Il a vécu pendant près de 10 ans les hauts et les bas d’un diagnostic de cancer. On entend souvent les gens dire que de vivre avec la maladie leur apprend à profiter pleinement des petits moments de bonheur. Mais papa était l’homme qui avait le moins besoin de cette leçon-là. À ses côtés, nous avons appris que la vie était belle et le fun.
Même à la fin, il trouvait le moyen de faire des blagues. Littéralement sur son lit de mort, ses dernières paroles ont été pour nous faire rire. Papa a toujours eu le bonheur facile. Je suis chanceuse d’avoir hérité de ce gène.
C’est vrai que je me remets facilement sur pieds après et même pendant les peines, déceptions, frustrations, drames - petits et grands - que composent les aléas de la vie. Paradoxalement, c’est une des réalisations qui me fait le plus de peine depuis la mort de mon père: je suis heureuse quand même. Même si je pense à lui, tous les jours, que je m'ennuie infiniment et que je pleure toujours sa mort, des années plus tard, je suis heureuse quand même.
Alors, je peux remercier mon papa pour la moitié de mon bagage génétique et de m'avoir légué le gêne du bonheur!
Je ne suis pas une femme parfaite. Je ne suis pas non plus une fille parfaite, une amie parfaite, une sœur parfaite, une cousine parfaite, une épouse parfaite ni même une employée parfaite. Il y avait donc peu de chance que je devienne une mère parfaite. Et je ne m’étais jamais mise cette pression là, de tout façon. Malgré certaines images dans les médias, malgré le temps que je passe sur les réseaux sociaux, même si je côtoie pleins de super mamans, je ne ressens aucunement la pression d'être une mère parfaite. C'est normal, docteur?
De toute façon, nous les vivons toutes à l'occasion, ces journées de mères parfaites, n'est-ce pas? Les jours où l'on fait des muffins le matin avec nos cocos, puis on se rend à un groupe de jeux, ils siestent en même temps l'après-midi (Alléluia!), on sort au parc, ils mangent leur souper santé, ils jouent gentiment dans le bain, ils choisissent leur pyjama sans chichi. Une vraie belle journée qui se déroule dans la bonne humeur, avec un horaire structuré, des activités divertissantes et stimulantes, sur une trame de fond qui sonne comme: 'la laaa laaaaa, c'est si facile la maternitéééé'. Le bonheur pour toute la famille! On l'a l'affaire ces journées-là! Mais levez la main celles qui par expérience savent trop bien que même à la fin de ces journées de mère parfaite, nos chérubins cornus peuvent se lâcher lousse dans la crise du siècle au moment du dodo. (Je lève la main). Donc inutile de se péter les bretelles.
Et puis, bien avant de devenir maman, j’ai découvert Les Chroniques d’une mère indigne. La lecture de ce blogue me faisait tellement rigoler! Je me disais que moi aussi, j'allais devenir une mère comme ca! Une mère qui fait de son mieux, mais qui ne se prend pas trop au sérieux. Ça me rejoingnait vraiment, vivre la maternité avec humour. Puis, le terme “mère indigne” est devenu tellement familier. Je l'entends à toutes les sauces. “Je ne nourris pas mon enfant avec des lentilles – je suis une mère indigne”. “Je fais le ménage une semaine sur deux – je suis une mère indigne.” “Je laisse mon enfant regarder la télé - mère indigne!” ou encore “On n’a pas fait d’activité “éducative” durant la semaine de relâche - mère indigne”.
Non, ça ne fait pas de vous des mères indignes.
Tout comme moi non plus je ne suis pas une mère indigne, même les jours ou je manque tellement de patience avec mon coco que c’est à se demander lequel de nous deux a deux ans. Même les fois où je fais exprès de ne pas lui apprendre les bons mots, parce que je trouve ses mots d’enfant trop mignons – par exemple, j’espère qu’il dira encore longtemps pomme-campe au lieu de hippocampe, p’tit jama au lieu de pyjama et c'est grôle au lieu de drôle. Et je blâme la garderie pour lui avoir montré à dire correctement 'triangle' (au lieu de son trop cute by-yangue). Malgré ça, non, je ne suis pas une mère indigne. Je suis une mère juste normale.
Inutile aussi de me qualifier de mère indigne quand mon enfant ne mange pas de poivron, qu'il ne sort pas dehors tous les jours et qu'il ne se couche pas toujours à la même heure. J'adore toujours Les Chroniques d'une mère indigne. Mais le qualificatif, non. Parce qu'il y en a des vraies, des mères indignes. Des mères qui n’auraient pas dues être mères. On entend ces histoires beaucoup trop tristes aux nouvelles. Cessons de nous attribuer cet acabit trop péjoratif, nous, les mères normales.
Ni parfaites, ni indignes, la majorité des mères fait toujours de son mieux. Certains jours, on se sent comme des super mamans, avec une patience infinie style maman de Caillou, une imagination sans borne avec des activités dignes de Pinterest, des beaux moments magiques #Instagram et l'énergie d'un enfant de deux ans (sans même avoir besoin d'un deuxième café). D'autres jours, faire de notre mieux signifie que tout le monde finit sa journée en vie et que la maison tient encore debout. C'est ce qu'on appelle être équilibrée.
Mais non je blague, c'est ce qu'on appelle être une mère normale.
Je me rappelle très bien m'être dite: « Ça, c'est quelque chose que je ne ferai pas à mon deuxième bébé ». En faisant bouillir les pièces de mon tire-lait après chaque utilisation (8 fois par jour). Après notre premier poupon, nous sommes pas mal moins intenses avec nos bébés subséquents, non? À quel point suis-je « moins intense »? Voici mon expérience.
Les réveils nocturnes
Bébé 1
Pour mon premier coco, j'étais tellement nerveuse la nuit que je gardais la lumière du corridor allumée et la porte de ma chambre ouverte afin de le voir dormir tout près de moi dans son petit moïse. Néanmoins, au moindre réveil, ça ne m'empêchait pas d'allumer toutes les lumières de l'étage et de réveiller mon mari. Ce papa de l'année se levait avec moi pour « m'aider à allaiter », c'est-à-dire changer les couches et installer le poupon sur mon coussin d'allaitement, puis le reprendre à la fin de la tétée pour le recoucher.
Bébé 2
Je suis revenue sur le sens du monde, comme dit mon mari (qui ronfle paisiblement toute la nuit, sans être réveillé par les pleurs de bébé ni par moi), et je peux facilement dormir les lumières fermées comme une personne normale. Quand mon deuxième coco se réveille, mon premier réflexe est de regarder l’heure et de tenter de le rendormir en faisant le moins d'effort possible (brasser doucement le moïse sans me lever du lit). Surtout s'il n'a pas respecté notre entente précédente (hé, on s'était dit que le prochain boire était à 3h30, pas à 2h. Je veux dormir, moi.)
Les premiers changements de couches
Bébé 1
Avec les documents remis à l'hôpital pour nous guider, nous prenions en note chaque couche souillée ou mouillée. Il faut bien s'assurer que notre rejeton rejette comme il faut. Il s'en suit des conversations que personne ne devrait jamais avoir, comme:
« Est-ce que ça compte comme un caca, ça? C`est un peu petit! Je vais noter `petit caca`, juste pour être sûre ».
Ou encore: « Celui-là, c'est jaune moutarde ou jaune vif, tu penses? »
Et aussi: « Est-ce que ce pipi est au moins trois cuillères à soupe? Comment fait-on pour vérifier?»
Bébé 2
Au deuxième, c'est beaucoup plus simple. Les feuilles remises à l'hôpital se sont retrouvées au recyclage aussitôt que nous sommes rentrés à la maison.
« As-tu changé au moins un caca aujourd'hui? »
« Il me semble que oui. »
« Il a eu assez de couches mouillées? »
« Oui, oui. Je pense. »
L`allaitement
Bébé 1
En plus de noter chaque couche utilisée, j'écrivais aussi mon horaire détaillé d'allaitement. À cette époque, mon monologue intérieur pouvait ressembler à ceci:
« J'ai allaité du sein droit de 1h47 à 2h03 et maintenant il prend le gauche. Il est quelle heure?
J`ai mis mon élastique sur mon poignet gauche pour commencer par le gauche ou parce que j`ai fini par le gauche lors du dernier boire? Zut, j'espère que ce n'est pas trop grave si je me trompe. Je devrais appeler la conseillère en allaitement, juste pour être sûre.
Je lui donne sa vitamine D au boire du souper, à 18h30 tapante. »
Bébé 2
L'allaitement de mon deuxième est beaucoup moins stressant. Je me tâte les seins et je commence par le plus engorgé. Ou s'il y en a un qui coule, c`est par lui que je débute. Et sa vitamine D, je lui donne... si j'y pense.
Les premières sorties
Bébé 1
Ça m'a pris deux mois avant sortir seule avec bébé 1. Pour ma première sortie, je m'étais assurée d'avoir le sac à couches rempli de nécessités: couches (en grande quantité), lingettes pour les changements de couche, lingettes désinfectantes pour le visage et les mains, lingettes désinfectantes pour les suces et jouets, suce (il n'en a jamais pris une, mais c'est peut-être aujourd'hui qu'il va commencer), jouets, crème pour les fesses (les siennes), crème pour les mamelons (les miens), crème solaire (c'était en février pour une sortie intérieure), 2 couvertures en bambou, 2 couvertures chaudes, 2 pyjamas nouveau-né, 2 pyjamas 0-3 mois (ça grandit si vite ces petites bêtes là!), carte santé, carte d'assurance sociale, Tylenol pour bébé, Benadryl pour bébé (on n'est jamais à l'abri d'une soudaine allergie au lait maternel!). Ce n’est pas mêlant, le sac à couche était trois fois plus lourd que le siège d'auto coquille avec bébé à l'intérieur. J'avais aussi pris soin de le nourrir deux fois plus que son boire habituel, pour être sûre qu'il ne pleure pas de faim en public. Ce qui fait qu'il a pleuré d'inconfort durant toute mon activité, jusqu'à temps de régurgiter son trop-plein. Quel succès!
Bébé 2
J'avais besoin de faire quelques commissions, donc je suis sortie avec mon poupon fraîchement expulsé deux jours plus tôt. Oups! J'ai oublié le sac à couches! Mais au moins j'ai mon portefeuille, mon cellulaire et mon gloss...
Le sac d'hôpital
Bébé 1
Un peu comme le sac à couche, nous avions (un peu) exagéré pour le sac d'hôpital de notre premier héritier. Nous sommes arrivés à l'hôpital avec une valise (!), le sac à couche et un sac de sport. Impossible de cacher que nous étions des parents qui faisaient ça pour la première fois.
Bébé 2
Le sac à couche pouvait contenir tout le nécessaire pour bébé et maman. Papa pouvait retourner chercher ou acheter ce qu'il manque, au pire.
Le livre de bébé
Bébé 1
Un mois avant son arrivée, son livre de bébé était déjà rempli de mes états d'âme durant la grossesse, anecdotes, photos de bedaine et d'échographies, un petit mot de papa et maman. Je lui avais aussi écrit une longue histoire qui raconte à quel point il était attendu et désiré.
Bébé 2
Quelques jours avant son arrivée, j'écris à la hâte quelques détails dans son livre de bébé. Par exemple, ma réaction lorsque j'ai appris que j'étais enceinte: « Oups, déjà! »
... et moi qui en veux un 3e!
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(Update, j’étais en effet encore plus relaxe à la troisième, si c’est possible.)
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